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La consommation de poisson

Quid de la question : comment s’assurer que les poissons qui se trouvent devant soi répondent à des critères durables. Pas si simple, mais pas sorcier non plus. On plonge!

J’ai essayé de faire le tour de la question en vous apportant des infos claires et pratiques quant à notre consommation, la situation des océans, les espèces les plus courantes, ou celles qui sont recommandées. Il fallait aussi aborder les techniques de pêche et leurs conséquences, ainsi que quelques autres sujets que je vous laisse découvrir en descendant dans les profondeurs de l’océan!

J’espère que ce dossier vous aidera à mieux cerner les enjeux d’une consommation responsable.

Commençons par un tour des critères à avoir en tête quand, tout juste arrivé chez notre poissonnier, on regarde ce poisson dans les yeux (ou l’inverse!):

Ensuite, parmi les labels de pêche durable, il existe principalement le MSC (Marine Stewardship Council) – qui domine largement le marché – mais comme nous le verrons plus bas dans ce dossier, ce label n’est pas exempt de nombreuses critiques.
Quant à l’aquaculture, c’est un choix qui peut être d’ordre « éthique » d’un coté et/ou « technique » car les impacts environnementaux, même si très préoccupants dans la globalité, varient néanmoins d’une installation à une autre.

Pour simplifier, commençons par ces 2 critères

Les techniques de pêche

Privilégiez les techniques de pêche qui ont un impact faible. C'est simple, il y en a que quelques-unes: les lignes, les casiers, la senne sur banc libre, et dans une moindre mesure la pêche à pied et le chalut pélagique (commençons par bannir la pêche au chalut de fond).

État des stocks

Ensuite, pour savoir si une espèce est surexploitée ou pas, il n'y a pas d'autres solutions que de faire confiance à des organismes tiers qui réalisent ce travail de recopilation de l'état des stocks. Deux organismes de confiance me semblent faire un bon travail pour obtenir une information rapide et didactique: L'application mobile Etiquettable (à télécharger) et Le consoguide du poisson du WWF (à garder au chaud comme favoris).

Les techniques de pêche

Différentes techniques de pêche sont utilisées suivant l’espèce recherchée et la profondeur à laquelle on peut la trouver. Les conséquences sur l’habitat marin, les captures non ciblées, la pêche fantôme et globalement la surpêche varient selon les techniques. Indispensable donc de bien les connaître et bien regarder les étiquettes.

cliquez pour visionner

Les zones de pêche

Zones de pêche dans le monde
Zones de pêche EU

2 infos complémentaires

Les poissons les plus consommés

Quid des poissons que les français consomment le plus?

 

Voici un recap d’infos à connaître sur le top 10:

saumon, cabillaud, merlu, le lieu noir, la dorade, la truite,

le merlan, le bar, la lotte, la raie.

Les poissons conseillés

Voici une liste de poissons aptes à une consommation durable. J’ai pris en compte les espèces sauvages en provenance seulement des mers européennes. Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive*. Elle a été établie suivant un mix de recommandations provenant de diverses sources (voir en bas de ce dossier).

Parmi les espèces citées: maquereau, lieu noir, sardine, tacaud, chinchard, mulet, bonite, merlan bleu

*D’autres espèces pourraient être recommandées, mais leur situation est moins évidente. Pour autant se référer aux sites webs mentionnés dans les sources.

Que penser du MSC ?

Le Marine Stewardship Council (MSC) est actuellement le label de pêche responsable le plus connu et le plus répandu. Né d’une collaboration entre Unilever et le WWF, il navigue maintenant en indépendance, sous le statut d’organisation à but non lucratif.

Mise en place pour assurer une gestion durable de la pêche et plus de transparence vis-à-vis du consommateur, il se base sur 3 principes:

Néanmoins, il semblerait qu’au fil du temps, certaines décisions et pratiques aient dénaturées les principes fondateurs du projet, au point d’avoir perdu la confiance de nombreux acteurs du secteur (voir les critiques de Bloom notamment).

Qu’est-il reproché à ce label? Essentiellement un laxisme sur ses 3 principes, et donc d’avoir labélisé des pêcheries qui n’auraient pas du l’être, et un manque de transparence et d’indépendance sur ses mécanismes de décision.

Sur le premier point, prenons quelques exemples, comme celui de la pêche de l’empereur en Nouvelle Zélande. Ce poisson peut vivre jusqu’à 150 ans et nage dans des profondeurs abyssales (jusqu’à 2000 m). Par conséquent, il est pêché au chalut de fond, qui contribue à dévaster les fonds marins (notamment les monts sous-marins) et tue des espèces rares et en voie de disparition (tels que les requins de grands fonds). Autre exemple, celui de la pêche de l’espadon à la palangre au Canada. Celle-ci est largement critiquée pour ne pas respecter le principe de faibles impacts sur l’écosystème, car nombreuses sont les prises accidentelles. On estime qu’en capturant 20.000 espadons/an, on emporte autour de 100.000 requins, 1200 tortues caouannes menacées et 170 tortues Luth en voie de disparition. Dernier exemple, celui du colin d’Alaska ou du merlu du Pacifique. Voilà des pêcheries très importantes mais décriées par de nombreux scientifiques qui estiment que la survie de l’espèce n’est pas garantie (principe 1).

Concernant les principes de régulation du MSC, plusieurs critiques sont préoccupantes. En premier lieu, l’indépendance des organismes tiers de certification qui évaluent les pêcheries candidates au label. Le problème majeur? Ces organismes sont payés par les pêcheries et pourraient avoir tendance à se prononcer en faveur de leurs clients. De la même manière, le MSC récupérant 0,5% du résultat des ventes des produits certifiés (une manne financière qui représente 3/4 des revenus du MSC), on observe des critiques récurrentes sur la recherche de profit de la part du MSC.
Deuxième mécanisme portant à confusion: la capacité d’autres organismes à porter objection sur une certification. Une procédure qui paraît saine, cependant il faut savoir que porter objection coûte un peu plus de 7000 euros et est arbitré par un jury nommé et rémunéré par le MSC (mandat de 3 ans). Son indépendance est toute relative: environ 95% des objections aux certifications MSC ont été rejetées.

En conclusion, il convient de prendre ce label avec des pincettes. Certes, tout comme le défend le WWF, il a permis et permet encore de faire évoluer les mentalités du secteur, et de part son développement et la prise de conscience qu’il a éveillé chez le consommateur, de pousser de nombreuses pêcheries à suivre le cahier des charges de ce label plus durable.
Tout comme le soulignent de nombreux scientifiques, un poisson MSC est meilleur qu’un poisson non certifié (si on n’a pas de garanties plus directes).

Ainsi, Je ne saurais trop vous conseiller de fidéliser vos achats auprès de pêcheurs artisanaux et locaux avec lesquels vous avez pu échanger sur leurs pratiques durables de pêche.

Que penser de l'aquaculture?

Tout d’abord, qu’est-ce que l’aquaculture?

L’aquaculture désigne toutes les activités de production animale ou végétale en milieu aquatique (eaux douce et salée). Ce terme rassemble notamment :

Une croissance exponentielle, dans un marché mondialisé

Répondre à la demande – C’est l’économie de production animale qui a connue la plus forte croissance ces cinquante dernières années. Aujourd’hui l’aquaculture produit plus que l’élevage bovin et 50% du poisson consommé provient de l’élevage. Mais pourquoi donc? Tout simplement une demande croissante. En Europe par exemple, toutes productions confondues (sauvage et élevage), 1 poisson sur 2 doit être importé, et la France en est même un symbole puisque ce taux d’importation arrive à 62%, avec une consommation moyenne de 34,6 kg/an (la moyenne mondiale étant de 18,9 kg/an).

L’asie domine – L’asie représente à elle seule 87% de la production mondiale, bien devant l’Europe et l’Amérique (à 5%) et l’Afrique (3%).

Quels poissons sont produits?

85% de l’élevage est dominé par les poissons d’eau douce. Les 10 poissons les plus communs en élevage représentent 3/4 de la production mondiale (Carpe herbivore, Carpe argentée, Carpe commune, Tilapia, Carpe Bighead, Catla, carassin, Pangas, Rohu). Concernant les poissons plus connus en Europe, après le saumon et la truite, la dorade et le bar ou des mollusques comme la palourde ou la coquille St-Jacques sont venus s’ajouter au catalogue. On tente même aujourd’hui l’élevage du thon.

En Europe 1 poisson sur 2 doit être importé, et la France en est même un symbole puisque ce taux d'importation arrive à 62%, avec une consommation moyenne de 34,6 kg/an.

Points positifs et négatifs

Points positifs

Points négatifs

Qu’est-ce que l’aquaculture durable?

Les problèmes environnementaux recensés plus haut correspondent réciproquement aux critères de durabilité: limiter l’usage d’intrants, interdire la surexploitation de la pêche minotière, réduire drastiquement la contamination des fonds marins, favoriser le bien-être animal, etc.

Pour pallier ces problèmes se sont mis en place des labels BIO avec des cahiers des charges qui s’inspirent de l’agriculture biologique. Ces labels différent selon les pays (notamment par rapport à la distance entre des cages d’élevage bio et non bio, la densité de poissons), mais il y a des points communs.

Parmi les principales mesures, on peut nommer:

Je vous invite à parcourir les ressources citées plus bas si vous souhaitez développer la question.

Comme mentionné dans l’article sur le MSC, on trouve aussi son équivalent pour l’élevage: Aquaculture Stewardship Council (ASC). Cependant, au vue des critiques apportés au MSC, et notamment de son manque de collaboration quant aux critères sélectionnés de durabilité, je recommanderais plutôt de privilégier les poissons d’élevage certifiés BIO, qui sont régulés aux niveaux nationaux (lois, décrets, arrêtés, etc.). Néanmoins comme pour le poisson sauvage du MSC, le label ASC reste un critère à prendre en compte.

Parmi les poissons BIO que l’on peut trouver facilement en France: salmonidés (truite et saumon), bar, daurade, carpe et esturgeon.

Bon à savoir

Quelques infos et chiffres à retenir et partager sur les principales thématiques qui entourent le monde de la pêche.

Au fond de l'océan ... les sources

Récapitulatif des sources citées, complété par d’autres références pour continuer à explorer.

Bonne lecture!

Les poissons à éviter/à consommer:
Le guide du WWF sur les produits de la mer
Etiquettable: app pour connaître les poissons menacés et ceux que l’on peut consommer Planète océan: app développée par Good Planet et Ethic Ocean (ne semble pas très actualisée toutefois)
Le guide des espèces de l’alliance pour la mer (pas actualisé car datant de 2008, mais bien détaillé)

Le guide PDF du WWF avec quelques espèces recommandées

Les techniques de pêche:
Association Bloom: Un article bien détaillé.
Ifremer
Planète océan: app développée par Good Planet et Ethic Ocean

Autres pages/organismes de référence:
Mr Goodfish: programme de sensibilisation et label de pêche durable, auprès des professionnels et des particuliers
Poiscaille: Plateforme de vente de produits de la mer durables:
Slow fish: consommation durable de poisson par le mouvement slow Food
La page dédiée à la pêche durable de l’Ifremer

Sur le MSC:
Bloom: Opinion critique sur le MSC
Dernière opinion en date (avril 2020) du WWF
Recap du point de vue du WWF (suisse) sur le MSC
Exemples de pêcheries certifiées et critiquées (le monde)

Vous avez aimé? Faites-le voyager!
Alexandre Durrande

Alexandre Durrande

Concepteur-rédacteur freelance spécialisé dans l'alimentation et la restauration durables. Face aux challenges que repŕesente la transition écologique de l'agriculture et de l'alimentation, la com est un pilier central pour sensibiliser les acteurs et les citoyens. Ce blog souhaite apporter des réflexions, des inspirations et des actions concrètes pour s'y mettre.

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